Même après six ans, j'appréciai la lumière douce et chaleureuse qui touchait la place de la bastille en cette matinée haute en couleur. Elle me donnait le sourire et l’énergie d'une journée agréable. Les jeunes femmes en haut talons arpentaient les trottoirs comme si le diable courraient après elles ou alors peut-être le regard osé de la gent masculine qui n'hésitait en rien à dessiner leurs courbes ? Je ne savais pas vraiment, moi je préférai m'amuser de ces hommes d'affaires qui se bousculaient pour traverser devant l'opéra. Leurs attachés-cases ballottant de droite à gauche et se percutant entre eux. Une vie que je ne rêvais en rien d'avoir et pour être certain de ne point leurs ressembler un jour, je décidai de faire l'école buissonnière. Et, cela même si j'avais reçu un sms de Reed il y a quelques minutes de cela pour vérifier que j'étais bien en cours. Mon grand-frère s'inquiétait pour moi et je lui en remerciai, mais que pouvais-je lui dire ? Que voir notre mère sur ce lit d’hôpital aux portes de la mort ne me donnait en rien envie de suivre des cours ennuyants et rébarbatifs. Des professeurs épuisés de voir que je faisais aucun effort, pour un baccalauréat que je louperais surement cette année encore. Pourquoi dépenser de l'énergie pour quelque chose que je n'aimais pas ? Je préférai largement me poser dans mon endroit préféré. Un starbucks et je retrouvai le sourire. C'était ma deuxième maison, je pouvais passer toute la journée ici et c'est ce que je pensais faire aujourd'hui. Il y avait le wi-fi, un vieux fauteuil en cuir vert bien moelleux dans lequel j'étais complétement avachi, un radiateur pas trop loin ce qui n'était pas du luxe vu l’automne qui était tombée assez froidement sur Paris. Déjà, on pouvait le sentir à ma tenue, même si j'avais retiré mon manteau, j'avais mes mains enfoncées dans mes manches de mon long pull.

Mes doigts serraient avec un léger frémissement mon chocolat viennois signature, mes genoux remontés contre mon torse et mon regard chafouin à fixer les gens de passages. Les étudiantes affairées sur leurs ordinateurs pour surement rendre un devoir en urgence. Des amoureux sur le côté, ne pouvant se lâcher la main même sous les tables. Je mettais placé à ma place favorite. Entre la porte et la caisse. J'aimais voir les gens défilés avec ma tablette sur les genoux ou plutôt la tablette de mon frère. Mon doigt vogué sur l'écran tactile alors que mes lèvres se baignaient dans la mousse de mon chocolat viennois jusqu'à qu'une silhouette attire mon attention ou plutôt que son portefeuille attire mon regard. Un portefeuille qui tomba, peut-être de sa poche, de sa veste ou encore de son sac ? J'étais considéré, et à juste titre, comme un mauvais garçon, mais j'avais promis à mon frère de faire des efforts. Il aurait facile de voler ce portefeuille, mais je me suis empressé de poser ma tablette sur le coin de mon fauteuil et de ramaser le bien tout en le tendant à son propriétaire. « Excusez-moi ? » l'interpellai-je. « Je crois que vous avez perdu cela ? » continuai-je. Mes yeux encore dans le vague, ne sachant pas si je venais d'interpeller un homme, une femme, un étudiant ou encore un homme d'affaire. J'allais avoir la surprise.