Cela faisait environ une semaine que j'avais remis les pieds dans la ville. Une semaine que je reprenais le train de vie d'une parisienne, c'est comme ci je n'étais jamais partie. J'avais été muté ici pour enseigner l'anglais dans un lycée, oui j'étais diplômée et j'avais réussi le capes pour devenir professeur, j'avais réussi ce que je voulais faire. Etant en repos ce mercredi après-midi, j'en profite pour revenir dans un parc, le parc où j'avais eu cette demande en mariage par Thomas à la suite de l'obtention de notre bac. Ce fut un jour merveilleux, mais j'ai vite pris peur et du jour au lendemain, ne sachant pas ce qu'allais devenir mon avenir, je pris mes affaires et je quittai la ville. Je suis partie vivre dans le sud de la France où je me suis inscrite à la fac mais surtout où j'ai dû vivre loin de mon fils et de son père. J'y ai passé d'agréables moment malgré le manque et l'absence de Thomas et Enzo, je me consacrais à mon avenir sans les avoir invité à venir avec moi. J'ai été réellement stupide de faire ça, de les avoir laissé derrière moi sans leur avoir donné de nouvelles, je regrettais d'avoir fait ça. Je savais malheureusement que je ne pourrai pas rattraper cette erreur et que peut-être Thomas était passé à autre chose, ce que je lui souhaite, mais j'espère dans le fond qu'il ne refusera pas de me laisser rencontrer mon fils. Il a dû tellement grandir en 5 ans, quand je suis partie il n'allait pas encore à l'école, et maintenant il a 8 ans, c'était un petit garçon. Je marchais donc tranquillement dans ce parc, mes écouteurs sur mes oreilles, écoutant un bon vieux son de rock anglais jusqu'à recevoir un coup de ballon de foot qui me réveilla légèrement de mes pensées. Je récupère le ballon et enlève mes écouteurs à la recherche des personnes à qui rendre l'objet en question jusqu'à tomber presque nez à nez avec Thomas et d'un petit garçon que je devine très rapidement être Enzo. J'ai eu quelques secondes, minutes peut-être d'hésitation mais je finis par m'avancer en les regardant tour à tour "C'est le votre je pense" Dis-je à leur attention à tous les 2 tout en leur tendant le ballon.

Ce que je devais dire, faire, je ne le savais absolument pas. J'avais l'impression d'avoir perdu toute notion de langage. Me retrouver face à eux, maintenant, aujourd'hui je n'y étais pas encore totalement préparée, surtout face à Thomas. Enzo avait tellement grandit, il était magnifique, il ressemblait beaucoup à son père. Je leur tendais toujours le ballon, j'étais un peu dans une posture idiote en les regardant à tour de rôle pendant que Thomas me posa la fameuse question si j'étais de retour. Je finis par laisser mon regard planté sur Thomas tout en hochant la tête. "J'ai été muté ici" Je devais certainement lui parler d'un truc qu'il n'avait rien à faire, surtout qu'il n'était au courant de rien de ce que j'étais devenue donc il ne devait surtout rien comprendre. Je finis par m'abaisser vers Enzo et lui tendre le ballon "Je pense que c'est le tien non?" Je lui fais un petit sourire afin qu'il le prenne. Je ne savais pas s'il savait qui j'étais s'il se souviendrait de moi via quelques photos ou quoi. J'avais espoir que oui dans le fond, mais également j'espérais que non car peut-être me détestait-il de l'avoir laissé alors qu'il n'avait que 3 ans. Je regarde Thomas ensuite en me redressant. "Je sais que tu dois me détester et je le comprends parfaitement." J'étais plus que gênée par la situation, il n'avait changé il avait toujours ce regard profond qui m'avait tant bouleversé il y a 8 ans. Je ne savais pas quoi dire ou quoi faire, j'étais totalement perdue, je n'étais vraiment pas préparée émotionnellement parlant à le revoir. "Je suis quand même désolée pour tout, je sais que je ne pourrai jamais rattraper ces 5 ans mais..." Mais quoi, je n'allais pas lui imposer certaines choses, il avait plus de droit sur mon fils que je ne pouvais en avoir. Comme par instinct, chaque fois que je stresse je sers mon collier dans ma main, collier qui avait pour pendentif ma bague de fiançailles, je ne l'ai jamais quitté des ces années loin d'eux, c'était comme ci je les avais près de moi tout le temps.