beside you wherever you go ∞ Mexon & Lionel

Beside you wherever you go ∞ Mexon & Lionel

« Roxane, Fanny, vous voulez bien ranger les courses, s’il vous plaît. » Samedi, vers dix heures. Lionel revenait tout juste du supermarché, où il était allé faire les courses avec Elisa, Jonathan et Sarah, pendant que Juliette gardait les deux adolescentes et Cédric. Kayla, quant à elle, était partie chez des amis pour la journée. Un samedi tout à fait banal, en somme. C’était quand même l’une des journées préférées de Lionel. C’était le week-end et il pouvait profiter de ses petits frères et sœurs. Ils n’avaient rien prévu de particulier, peut-être qu’ils iraient se promener ensemble en fin d’après-midi. Quoi qu’il en soit, il y avait toujours quelque chose à faire, Lionel ne s’inquiétait vraiment pas pour ça.
Le jeune homme prit quelques minutes pour aller se changer, revêtant une tenue plus décontractée pour rester dans l’appartement. Quand il ressortit de sa chambre, ses petites avaient obtempéré et rangeaient les courses dans les placards et dans le réfrigérateur. Cédric et Sarah, les petits derniers, étaient installés devant la télévision. Jonathan s’était mis à réviser. Quant à Elisa et à Juliette, elles s’étaient installées sur les chaises au bar séparant la cuisine du salon et sirotaient un jus de fruit. « Qu’est-ce qu’on mange ? » « C’est à moi de choisir ! Chacun son tour ! » Lionel eut un sourire amusé. Cuisiner pour une famille de neuf personnes, dont certains étaient de vrais goinfres, c’était souvent compliqué. Voilà pourquoi ils commandaient souvent à manger et se faisaient livrer, c’était bien pratique. Pourtant, Lionel était un excellent cuisinier, c’était bien connu de son entourage. Mais souvent, c’était le temps qui lui manquait. Bien sûr, Kayla, Elisa et les jumeaux l’aidaient… Mais là, c’était le week-end, relax. Et puis, comme ils avaient hérité une somme assez conséquente lorsque leur père était décédé, ils n’avaient pas trop de soucis d’argent, ça aussi c’était pratique quand on devait nourrir autant de monde.
Après quelques hésitations des uns et des autres, Elisa finit par commander à manger. Aujourd’hui, ils mangeraient chinois. Pendant ce temps, Lionel décida de se mettre tout de même aux fourneaux. Il avait envie d’un cheesecake au caramel au beurre salé. Avec l’habileté de ceux qui ont l’habitude de cuisiner, Lionel se mit donc à préparer un bon dessert pour le goûter. Il n’avait même pas besoin de regarder la recette et les doses à respecter, c’était assez facile pour lui. Si ses proches se réjouissaient souvent d’avoir d’aussi bonnes choses à manger avec lui, ils se plaignaient aussi que ça risquait de leur faire prendre du poids. Bénéficiant de l’aide de ses cadets, Lionel eut assez rapidement terminé. Alors qu’il commençait à se plonger dans des copies à corriger, il entendit vaguement Elisa accueillir quelqu’un à l’intérieur de l’appartement.
Le jeune homme posa brusquement son stylo. Elisa l’appelait et il croyait bien avoir reconnu une voix familière, il ne pouvait pas se tromper. Aussi surpris que content, Lionel se précipita vers son meilleur ami, et l’attrapa en lui mettant une petite claque dans le dos. « Mexon ! Ça alors, quelle bonne surprise ! J’savais pas que t’étais là, petit cachottier ! » Son visage éclairé d’un sourire jusqu’aux oreilles, Lionel invita son meilleur ami à s’asseoir au bar tandis que tous ses frères et sœurs venaient lui dire bonjour. « Qu’est-ce que tu veux boire, d’abord ? Une bière ? Un verre de jus de fruit ? » Mexon et Lionel se connaissaient du Royaume-Uni. Si Lionel avait vécu en Nouvelle-Zélande avant d’emménager à Paris, il avait de la famille en Angleterre et passait souvent ses vacances là-bas. C’était là qu’il avait rencontré Mexon, alors qu’ils n’étaient que des gamins, dans une église. Issus d’une famille croyante tous les deux, même âge, mêmes origines, ces deux-là étaient faits pour s’entendre et le temps l’avait prouvé.

Lionel&Mexon ◮ beside you wherever you go.

Six heures et demie du matin. C'est dur pour un samedi matin. Mais on n'échappe pas au cours. Malheureusement. Ce matin, c'était histoire du XIXème siècle. Et en anglais. Ce qui serait d'une facilité déconcertante pour moi. Mais pour l'instant, j'essaie juste de me réveiller, d'ouvrir les yeux devant un café bien fort. J'ai une demie-heure avant de prendre le chemin de l'université. Encore deux ans à tenir, et à écrire un mémoire, et je sortirais enfin du monde scolaire. J'adorais mes études, j'adorais découvrir de nouvelles langues, mais je commençais à en avoir marre des cours, j'avais envie de prendre ma vie en main, de travailler, de faire quelque chose d'utile, et surtout de subvenir à mes besoins correctement, parce que pour le moment je ne survivais plus que je ne vivais.
Après avoir terminé mon petit déjeuner, j'enfile ma veste afin d'affronter le froid hivernal. Direction le métro. J'ai beau avoir mon permis de conduire je déteste conduire dans la capitale française. Les gens sont la plupart des abrutis du volant, et y conduire dans cette ambiance, ça me stresse, alors je préfère prendre les transports en commun. Et c'était plus rapide. Ma ligne de métro était directe jusqu'à mon université. Je pénètre dans l'enceinte de l'université un quart d'heure plus tard. J'étais tout juste à l'heure pour mes deux heures de cours. Nous n'étions pas nombreux au cours, il faut dire que la matière n'était pas particulièrement passionnante et surtout, l'horaire était très mal choisi. Mais je voulais mettre toutes les chances de mon côté pour réussir. Je m'assied au fond de la salle et je sors mes affaires tranquillement. Le prof arrive, comme à son habitude, avec une bonne dizaine de minutes en retard. Il commence son monologue ennuyeux, et je me force à écouter. Je prends quelques notes sans importances, de toute façon je ferais des recherches sur le sujet plus tard. Je soupire, il faisait beau malgré la froideur de l'hiver qui approche, et je n'avais qu'une hâte : que ce cours se termine.
Il était dix heures lorsque la cloche sonne la fin de la torture. Je range mes affaires dans mon sac avant de me diriger vers la sortie de la salle tout en attrapant au passage le polycopié que nous tendais le professeur : un résumé des cours. Parfois je me demande toujours pourquoi ce professeur nous demande de prendre des notes si c'est pour nous donner le résumé à la fin. Mais j'avais arrêté de chercher à comprendre, les professeurs ont parfois des comportements bizarres. Ma matinée de cours terminé, je e demande ce que je peux bien faire. Je ne suis pas du genre casanier, je suis même plutôt assez fêtard quand on me connaît bien. Mais il était encore bien trop tôt pour s'installer dans un bar, et je n'avais aucunement envie de rester dans mon petit chez moi. C'est sur ces réflexions que je prends le chemin du retour. Une fois dans mon appartement, je dépose mes affaires, et pense soudainement à Lionel, mon meilleur pote. Voilà j'avais trouvé ce que j'allais faire : lui rendre une petite visite surprise ! Cela faisait longtemps que nous ne sommes pas vus, et qui plus est, il ne sait même pas encore que je suis sur Paris ! Je devrais avoir honte, mais faut dire que le temps passe trop vite ! Je partis en direction de l'adresse qu'il m'avait fourni la dernière fois que l'on s'était vu ! Je mis une bonne vingtaine de minutes à faire le trajet avant d'arriver chez lui. Je sonne et patiente tranquillement avant que la porte s'ouvre sur Elisa. Je lui fais un sourire avant de lui faire la bise « Toujours aussi jolie mademoiselle ! ». Elle me fit entrer, rougissante de mon compliment. Elle me dit qu'elle va appeler Lionel afin qu'il descende. Pendant ce temps je retire ma veste et la pose au porte manteau. Je l'entends descendre, et il apparaît devant moi, enfin plutôt il surgit devant moi. Je passe mes bras autour de lui dans une étreinte purement masculine. Je rigole, heureux de le retrouver. « Surprise ! Non, désolé mais maintenant tu le sais ! ». Je me dirige avec lui au bar avant de m'asseoir sur un de ses grands tabourets. « Une bière ce sera parfait ! ». pendant qu'il me sert je salue tout le monde, qui repartent ensuite à leurs occupations, je lance à Lionel, en montrant du menton le salon où se tenait la majorité de ses frères et sœurs « Ca va ? Tu tiens le choc ? ». Je lançais cela nonchalamment mais je sais combien ça était difficile pour lui.

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Ça, pour être une surprise, c’en était vraiment une ! Depuis quand Lionel n’avait-il pas vu Mexon ? Plusieurs mois, c’était certain… Quelquefois, en grandissant, chacun prend un peu son chemin et même si on reste en contact, on se voit moins souvent. Pourtant, leurs proches savaient à quel point ces deux-là s’entendaient comme des larrons en foire ! Ils se connaissaient depuis tellement longtemps et ils avaient pas mal de points communs. Ça faisait bien longtemps que Mexon était le meilleur ami de Lionel… Et ce, même s’ils n’avaient pas grandi au même endroit. Les vacances et les contacts par Internet par la suite avaient suffi. Mexon, c’était vraiment le meilleur. Quelqu’un qui pouvait le comprendre sans même qu’il ait besoin de s’exprimer, en un seul regard. Lionel connaissait une citation : « Il y a ces personnes, qui connaissent le pourquoi de vos silences et ce qu’ils signifient, qui lisent en vous comme dans un livre ouvert, qui vous voient tel que vous êtes et pas tel que vous voulez paraître, qui vous prennent comme vous êtes, qui vous connaissent de vos points les plus forts à vos points les plus faibles… » Et cette citation lui rappelait Mexon, parce que c’était exactement ça.
Lionel avait bien compris que son meilleur ami s’installait à Paris, ce dernier lui avait bien sûr parlé, mais ça remontait à quelques mois déjà et Lionel ne savait pas que c’était chose faite à l’heure présente. Mexon avait sûrement été très occupé à déménager, à s’installer et à s’adapter à sa nouvelle vie. Lionel savait ce que c’était, un déménagement. Lui-même avait connu ça. Il était né et avait vécu en Nouvelle-Zélande pendant plusieurs années avant que sa famille s’installe à Paris. Il avait connu l’horreur du tri, des cartons à emballer, des choses à jeter et puis du tra-la-la à l’arrivée, déballer, installer, ranger… C’était tout un truc ! Et puis, en devenant adulte, on avait bien d’autres responsabilités donc Mexon avait dû faire ça petit à petit. De toute façon, Lionel n’allait certainement pas lui en tenir rigueur ! Il était bien trop content de voir son meilleur ami pour ça. « T’en fais pas, tu pouvais pas m’faire une meilleure surprise. J’suis trop content que tu sois là, ça fait quoi… Une éternité, je crois ! »
Mexon l’avait suivi derrière le bar, sur un des tabourets. Lionel se dirigea vers le réfrigérateur et ouvrit deux bières. Pendant ce temps, les petits frères et sœurs de Lionel défilaient pour lui dire bonjour. Ils connaissaient bien Mexon, surtout les plus âgés comme Elisa, Jonathan ou encore Juliette. Les petits un peu moins, mais ils semblaient l’adorer tout autant. Puis ils reprirent leurs activités respectives, laissant Mexon et Lionel discuter tranquillement. Ce dernier tendit une bière à son meilleur ami avant de boire une gorgée de la sienne et de s’asseoir sur un des tabourets à côté de lui. Mexon lui demandait s’il tenait le choc par rapport à ses cadets. Lionel jeta un coup d’œil de leur côté et eut un petit sourire. « Oui, ça va. C’est pas facile tous les jours, mais… Tu le sais, je ferai n’importe quoi pour eux. Les grands m’aident bien et les petits font pas trop les difficiles. Enfin, disons que c’est pas le pire aspect de ma vie, loin de là… » Mexon était bien au courant que la femme de Lionel était partie pour ses études et qu’il ne l’avait pas revue depuis près d’un an. Ça, c’était vraiment difficile… « Et toi ? T’es là depuis quand ? Tu dois être content de plus voir ta famille, j’imagine ? »

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C'est vrai que ça faisait un bon bout de temps que je n'avais pas revu mon meilleur ami. Et dire qu'il me manquait, c'était un bien petit mot. En général, on ne passait pas une journée sans s'échanger les nouvelles du jour. Mais j'avoue que depuis que je suis arrivé à Paris, j'ai à peine eu le temps de me poser. Entre le dossier pour la reprise de mes études, trouver un appartement à bas prix ainsi qu'un petit boulot pour subvenir à mes besoins, je n'avais pas eu une minute à mois ces derniers temps. Mais je commençais enfin à respirer, les cours se passaient bien, et j'avais fini par trouver un petit studio sympathique en plein cœur du XXème. Je n'avais pas encore le net, ce qui expliquait mon manque de nouvelle par le biais d'internet, j'y passais maintenant moins de temps, juste pour mes études. Cela faisait même un bail que je n'avais pas regardé mes mails, je crains déjà quand je vais ouvrir ma boîte. Mais même, en chemin pour aller chez Lionel, je sais déjà qu'il ne s'en formalisera pas. Mais je dois bien avouer que j'aimerais avoir de ses nouvelles, et le voir, car on ne s'est pas vus depuis son arrivée à Paris, déjà qu'on ne se voyait pas vraiment beaucoup, que pendant nos vacances respectives, et depuis son emménagement, je n'ai pas eu le temps de venir lui rendre visite. Au départ je l'avais vraiment envié de venir vivre dans cette ville, il sait combien j'aime cette ville. Je me rappelle encore l'entendre dire que j'avais une excuse valable pour venir dans cette ville maintenant. Même si je l'ai envié, Lionel est une des personnes les plus importantes, c'est le seul qui m'a réellement accepté tel que je suis, qui a accepté mon homosexualité, alors que ma propre famille m'a tourné le dos, et m'a rejeté. Il m'a été d'un soutien important, sans lui je n'aurais certainement pas tenu le choc.

Pour mon arrivée à Paris, je lui en avais touché deux mots, il y a bien cela deux voire même trois mois. Mais rien n'était encore fait encore. Et voilà, après je n'ai plus eu l'occasion de lui en parler. Mais j'étais heureux de le revoir, et ça se voyait très certainement sur mon visage. J'avais un énorme sourire collé au visage. « J'suis hyper content de te voir également, et ta p'tite famille aussi ! ». le temps de papoter que je me suis assis sur un tabouret. Je crois que ça faisait encore plus longtemps que je n'avais pas vu les grands, et les petits, ils avaient tous terriblement changés. J'attrape la bière, j'avale une gorgée. J'ai toujours adoré passé des journées dans sa famille, sa respirait la joie de vivre, contrairement à ma famille. D'ailleurs c'était rare qu'on passe des journées dans ma famille. Et puis l'ambiance était quand même assez conflictuelle entre moi et ma famille. Je regarde le peuple avant de retourner mon attention sur mon meilleur ami. Je sais que la période n'est pas facile pour sa famille, mais qu'elle est encore pire pour lui. Je connaissais ce qui s'est passé avec sa femme, et comment il vit le fait qu'il n'a plus aucune nouvelle. Il sait très bien ce que j'en pense, et le fait que je n'approuve pas qu'il reste lié à cette femme qui l'a tout bonnement abandonné, même si elle se servait du prétexte de ses études. « Tu as une chouette famille. Je comprends, toujours aucune nouvelle ? »
Je grimace, je n'aime pas voir mon ami souffrir ainsi. Je le regarde avant d'hausser les épaules. « Depuis deux mois seulement, mais entre les cours, la recherche d'appartement et tout, je n'ai pas vu le temps passer, j'ai l'impression d'avoir emménagé hier ! Content est un bien grand mot, je suis juste heureux de ne pas subir leurs piques à longueurs de journée... ». Parce qu'il n'est pas particulièrement heureux de perdre sa famille, car il se retrouve presque seul dans sa vie, et on ne peut pas dire que sa vie amoureuse est remplie.
Je regarde les alentours.. « T'es bien installé dis donc ! C'est chouette ici ! Alors, comment se passe la vie ici ? »

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Ah, Mexon. Quand il le revoyait, Lionel avait l’impression de revoir aussi tout ce qu’ils avaient traversé ensemble, tous les caps franchis, toutes les épreuves dans lesquelles ils s’étaient mutuellement soutenus malgré la distance, mais aussi tous les bons moments passés ensemble, tous les joyeux souvenirs conservés dans sa mémoire. Lionel se souvenait très bien de tout ce que Mexon l’avait aidé à endurer. Il se souvenait à quel point son meilleur ami avait été précieux lorsque sa mère était partie, qu’elle avait lâchement abandonné ses enfants parce qu’elle n’avait pas eu le temps de « vivre sa vie » ou encore de « réaliser son rêve ». Il se souvenait que son meilleur ami l’avait toujours consolé au mieux lorsque son père avait fini par se laisser mourir, accablé par le départ de sa femme et obnubilé par la pensée que leur vie ensemble n’était peut-être finalement qu’une vaste comédie. Il se rappelait que son meilleur ami était entièrement de son côté quand il avait obtenu la garde légale de ses petits frères et sœurs. Il se rappelait que son meilleur ami était là, près de lui, le jour de son mariage : c’était son témoin, il avait signé, il avait promis d’être là pour se réjouir avec lui dans les bons moments mais surtout d’être là quand ça irait moins bien – ils avaient alors seulement dix-huit ans… Et puis, bien sûr, Lionel se rappelait que son meilleur ami avait tenu sa promesse, qu’il avait tout ce qu’il pouvait pour le consoler, quand son monde semblait s’être effondré, quand il avait été brisé par le départ de sa femme. Quand il était au plus bas parce qu’il se sentait abandonné, rejeté, indigne d’être aimé par la femme qu’il avait pourtant épousée en étant si confiant. Quand tout le monde lui répétait « je t’avais prévenu, vous étiez trop jeunes », lui était resté de son côté, sans lui faire de reproches, même s’il n’en pensait sûrement pas moins. « Non, aucune nouvelle… Ça fait un an que je l’ai plus revue. Au début, elle revenait de temps en temps, tu te souviens… Maintenant, plus rien depuis un an… Je sais ce que j’en pense, mais je sais plus quoi faire, je... J’avoue que je suis un peu paumé. J’aurais tellement voulu que tout reste comme avant, si tu savais... »
Oui, Mexon était un meilleur ami en or et Lionel s’efforçait d’en être un tout autant, d’être à la hauteur. Quand sa famille l’avait rejeté parce qu’il assumait son homosexualité, Lionel était resté de son côté. Il se rappelait ce fameux jour où Mexon lui avait avoué qu’il était homosexuel. Il se rappelait avoir été surpris, avoir cru à une blague même pendant un moment même s’il aurait dû le deviner. Mais il se rappelait aussi avoir donné une grande claque dans le dos de son meilleur ami, dans une étreinte masculine, en lui assurant que ça ne changeait rien pour lui. Que tout ce qu’il désirait, c’était le bonheur de Mexon. Et c’était sincère, Lionel l’avait toujours défendu, toujours soutenu, jamais laissé de côté. Il s’était efforcé de l’accueillir dans sa famille pour qu’il se sente à l’aise, pour qu’il y trouve l’amour familial qui lui manquait ailleurs. Il savait que ses petits frères et sœurs l’aimaient beaucoup, que sa présence ne les dérangeait pas le moins du monde, bien au contraire. « Hey, t’es toujours le bienvenu ici, oublie jamais… T’es comme d'la famille pour nous. Tu peux passer quand tu veux, dormir ici même si tu veux, n’hésite pas, hein ? » Lionel eut un petit rire en rajoutant « D’ailleurs, t’as loupé Kayla, elle passe la journée avec des amis. Elle va être désolée de pas t’avoir vu… Elle me l’aurait jamais avoué, mais j’crois qu’elle a toujours eu un faible pour toi. Et que quand elle a su que ce serait genre impossible qu’il se passe un truc entre vous deux, c’était comme une des déceptions de sa vie. »
Lionel jeta un coup d’œil autour de lui avant de reprendre une gorgée de bière. « Oui, c’est plutôt sympa. Bah, tu sais, la routine… Les frères et sœurs, les soirées et les week-end avec eux, les cours à donner, les copies à corriger, des élèves intéressants et d’autres qui donnent du fil à retordre… J’me plains pas, j’aime bien cette ville. 'Faudra que tu me montres ton chez-toi, aussi. »

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Rien qu'en sa présence, j'ai l'impression de repartir en vacance. Ces moments où on passés toute la journée ensembles, à faire les quatre cents coups dans les rues. Ou même à se soutenir l'un l'autre. Je me sentais heureux d'être là quand il en a eu le plus besoin. Je me rappelle encore quand il a débarqué chez moi, en pleur parce que sa mère avait abandonné sa famille. Et là, je me sentais tout simplement honteux avec mes petits problèmes familiaux. Mais jamais il ne m'en avait tenu rigueur. Je me rappelle que je lui avais promis que je serais toujours là pour lui, qu'il ferait toujours parti de ma famille, quoiqu'il arrive dans ma vie, il serait toujours là et il aurait toujours une place importante. C'était à ce moment-là que j'avais passé le plus de temps dans sa famille, squattant la plupart du temps. Je trouvais toujours des excuses pour ma famille, mais Lionel avait besoin de moi et je n'allais pas défaillir à ma promesse. Et je l'avais aidé dans la construction de son dossier pour la garde de la petite tribu. J'avais même été jusqu'à témoigner pour lui. Et quand il avait rencontré sa femme, contre l'avis de tous, j'avais été le seul à le soutenir, même si je n'étais pas d'accord avec lui, mais de quel droit j'avais pour oser décider à sa place ? Aucun ! Alors j'avais été là, alors que tout le reste de nos amis communs, ne se gênaient pas pour lui balancer ses quatre vérités sur cette relation avec cette femme. Mais je ne pouvais pas rater son mariage, et j'étais heureux pour lui. Parce que tout ce que je voulais c'était son bonheur, et il était heureux à ce moment-là. Alors même si mes craintes se sont révélées justes, je ne lui ai jamais fais de reproches ou quoique ce soit d'autres. Je lui avais apporté plusieurs bouteilles de divers alcools, et on avait bu pour oublier que la vie pouvait être vache avec nous. Le lendemain avait été difficile, mais il avait pu se défouler, et franchement j'en avais rien à faire d'avoir mal à la tête si la soirée avait été bénéfique pour mon meilleur ami. Et j'étais là pour l'écouter, juste ça. Jamais je ne lui aurais fais de reproches. Et puis, ça arrive à tout le monde des erreurs de jeunesse, le tout est d'en sortir plus fort. Et j'allais l'aider à ça, à tourner la page. Parce qu'elle ne méritait pas un homme comme lui. Mais je le connais, je sais qu'il est trop bon, et que si elle revient il aura du mal à rester indifférent. Alors je serais de nouveau à côté de lui, pour le meilleur et pour le pire. « Lionel.. tu sais ce que j'en pense... Ce n'est pas une partie de plaisir... Mais passe à autre chose, je suis certain qu'il y a quelqu'un qui mérite ton amour... Tu es quelqu'un de bien et ta femme en abuse.. Je sais que tout était parfait avant ça... Lionel, ton choix t'appartiens... Et, tu sais que je serais toujours là quoique tu choisis ! ». Je ne me fais pas moralisateurs, ce n'est pas du tout ce que je veux, mais je ne pouvais pas ne faire comme si ça ne me touchais pas, parce que ce n'est pas le cas.
Il n'y a personne qui peut arriver à la cheville de Lionel, en tout cas je défie même quelqu'un ne serait-ce que d'essayer. Il a été le premier à prendre connaissance de mon homosexualité, il était celui dont l'accord était le plus important. Si jamais il n'avait pas accepté ce statut, je ne sais pas comment j'aurais réagi. Mais, je n'avais pas à m'en inquiété, parce que même s'il avait été surpris, il m'avait promis de rester fidèle à lui-même. De toute façon, je ne voulais que rien ne change dans notre amitié, elle m'était trop précieuse. Quand ma famille m'avait rejeté, en me balançant des horreurs, Lionel avait été présent, il m'avait accueilli et j'avais enfin l'impression d'avoir eu une famille, une vraie famille. Ce n'était pas la famille de sang, mais une famille de cœur que j'avais gagné, et elle m'était beaucoup plus précieuse. « Je sais, merci. Tu sais combien c'est important pour moi que tu sois là, que vous soyez tous là... Alors compte sur moi pour ne pas vous lâcher de sitôt ». Je rigole, je me rappelle de la tête de Kayla quand j'avais annoncé mon homosexualité au reste de la famille. « Ce sera pour la prochaine, ou je serais peut-être toujours là quand elle débarquera. Je me rappelle lorsque j'avais fais mon coming-out, j'ai bien cru qu'elle allait me tuer de ses propres mains... ». Je riais de bon cœur, c'était ça, tous les souvenirs que l'on partageait ensemble. J'avale encore quelques gorgées de ma bière. « Cette ville est franchement magique, je ne regrette pas d'avoir déménagé ici, surtout que t'es là ! Ben débarques quand tu veux !! La porte sera toujours ouverte... Enfin, t'attends pas à un palace, hein ! ». Faut dire qu'avec mon maigre salaire de caissier, j'avais tout juste de quoi me payer un deux pièces. Mais c'était toujours mieux que rien.

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L’aide de son meilleur ami avait été particulièrement précieuse quand la femme de Lionel était partie. Il avait beau avoir enduré beaucoup de choses dans sa vie, l’abandon de sa mère, le décès de son père, il n’était certainement pas préparé à ça… Il avait vécu tellement de choses avec Justine, il avait tellement pensé qu’elle serait là près de lui, jusqu’au bout ! Après tout, n’était-ce pas ce qu’elle lui avait promis, à l’époque ? La plupart des personnes répétaient que c’était énorme erreur, qu’il valait mieux attendre, que ce n’était jamais une bonne idée de se caser aussi jeunes. Qu’ils allaient changer d’aspirations, d’envies, de goûts, grandir, évoluer, mûrir… Lionel avait entendu des tas de fois que les statistiques étaient très clairs : la majorité des mariages contractés entre adolescents finissaient en divorce. Mais non, il avait voulu n’en faire qu’à sa tête… Il avait tellement cru en leur couple, il l’aimait tellement fort, qu’il pensait que leur mariage serait au-dessus de tout ça : des changements, des critiques, du temps, de ces fichus statistiques. Oui, il avait sûrement pensé qu’ils étaient meilleurs que tout le monde. Quelle ironie ! Quand il avait finalement déchanté, Lionel se rappelait à quel point il avait été déçu par beaucoup de personnes. Des amis, de la famille éloignée… Et c’était parti pour une longue, pour une interminable série de « je te l’avais dit ». Comme si ça n’avait pas été assez difficile, comme s’il ne souffrait pas suffisamment, on avait remué le couteau dans la plaie, on avait appuyé là où ça faisait mal, rappelant à quel point il s’était trompé, rappelant qu’il aurait mieux fait d’écouter. Oui, sans aucun doute, mais y avait-il besoin de le lui lancer à la figure, comme si ça améliorerait les choses, comme s’il se sentirait mieux ? Ses frères et sœurs, eux, nada. Ils étaient juste restés là. Et Mexon, l’indispensable. Lionel savait bien ce qu’il avait pensé et continuait de penser de tout ça. Il se doutait bien que son meilleur ami n’était pas d’accord avec tous ses choix. Mais lui au moins, il était toujours resté de son côté. Il s’était bien gardé du moindre commentaire. C’était le seul parmi ses amis à n’avoir rien dit de désobligeant Il avait même envoyé bouler ceux qui rendaient Lionel mal à l’aise, les défendant de tenir ce genre de propos, les envoyant carrément sur les roses. Et pour ça, il lui serait éternellement reconnaissant… Aujourd’hui encore, alors qu’il restait marié à Justine, alors qu’il n’arrivait tout simplement pas à tourner la page pour refaire sa vie, son meilleur ami le soutenait. Il n’était pas d’accord avec lui, certes, mais il restait de son côté quelque soit son choix. Et ça, il le rappelait à Lionel encore une fois. Ce dernier sentit une bouffée de reconnaissance monter en lui. « T’imagines pas à quel point ça fait du bien de t’en parler… Je sais que t’as raison, mais… Tu comprends… J’ai… J’ai tout vécu avec elle. J’y arrive pas… J’ai l’impression que personne ne lui arrive aux chevilles. Aujourd’hui encore, malgré tout, je l’aime, t’as pas idée… »
La conversation prenait une tournure un peu trop pathétique au goût de Lionel. Il secoua la tête comme pour se débarrasser de telles pensées et prit une autre gorgée de bière, tout en vérifiant que ses petits frères et sœurs ne pouvaient pas entendre ce qu’ils se racontaient. Surtout si on parlait de Kayla… « Ouais, je m’en souviens aussi. Je crois qu’Elisa a dû bien la consoler le soir. Je savais plus où me mettre par rapport à elle, alors que tout le monde était très détendu. » Oui, Mexon et Lionel partageaient des tas de bons souvenirs ensemble. C’était aussi ce qui rendait leur amitié si irremplaçable. « Pourquoi, tu crois que je peux me payer un beau truc, moi ? Cet appart’ assez grand pour toute une tribu, c’est juste mon papa qui m’a légué ça… Enfin en tout cas, je suis trop content que tu sois là, j’espère qu’on se verra souvent. Ça va, les études, le boulot ? »

Lionel&Mexon ◮ beside you wherever you go.

J'étais heureux d'être au côté d'une personne comme Lionel, car tout simplement, il me comprenait parfaitement, sans même que je prononce un mot. Et c'était ça la magie de l'amitié pour moi. De mon côté c'était la même chose. On pouvait s'appeler à n'importe quelle heure, on répondrait toujours au téléphone. C'est comme ça que j'ai appris que Justine avait fait sa valise et était partie. Alors c'était beau être le milieu de la nuit, je m'étais rhabillé et j'étais parti chez Lionel, je ne voulais pas le laisser seul pendant cette nuit blanche. Alors je m'étais assis, avec cette fameuse assiette et deux verres, à ses côtés, et j'avais attendu, attendu qu'il se confie, qu'il parle. Mais il n'avait pas parlé, alors j'étais simplement resté assis. Et on avait passé la nuit comme ça. Et puis, je l'avais soutenu, je lui avais dis ses vérités, mais en veillent toujours à ne pas le blesser moralement. Et quand il en avait besoin, je le forçais à sortir, on allait voir des amis en communs ou même des amis à moi, pour qu'il se change les idées, et fasse obstruction de toutes ces pensées ! Je lui parlais de tout et de rien, mais pas de sa femme, non pas que le sujet est tabou, mais je savais très bien qu'il ruminait déjà assez quand il se retrouvait seul, alors je voulais lui faire ce cadeau, cet impression de s'évader pendant quelques heures, avant qu'il ne retourne dans son quotidien. Parfois, je m'en voulais de ne pas faire plus que ce que je faisais, mais à chaque fois Lionel était là pour me contredire. Cette épreuve avait renforcé notre amitié, elle était certes solide, mais je crois que maintenant elle pourra passer toute épreuve, il y aura toujours un lien qui garderont un destin lié à l'autre, c'est indéniable, et ça s'est démontré à plusieurs reprises.
Il y a une chose que je ne supporte pas, c'est qu'on touche à Lionel. Certains se sont demandés si je n'avais pas des sentiments envers Lionel, mais au contraire c'est un peu comme le frère que j'aurais tellement rêvé d'avoir dans ma famille. Et on ne touche pas à ma famille. Alors même si la situation est critiquable, en aucun cas Lionel doit subir de propos désobligeant de la part de certaines personnes qui ne font que juger. Alors je les avais gentiment rembarrés et montrais la porte de sorte. Et je sais, qu'il aurait fait exactement la même chose pour moi. Il l'a fait d'ailleurs à une certaine manière, en n'essayant pas de m'empêcher de tourner le dos à ma famille. Je lui souris, même si actuellement je ne suis pas amoureux, je peux tout à fait imaginer qu'il a du mal à passer à autre chose, et comment lui en vouloir ? « Je peux comprendre. J'espère juste qu'elle se montrera à la hauteur. Je ne veux pas que la chute soit douloureuse, c'est tout... »
J'avale une gorgée de ma bière, accoudé sur le bar. Au souvenir de mon coming-out, je ne peux m'empêcher de laisser échapper un petit rire, ce souvenir était somme toute assez agréable. « Je me rappelle comment j'ais mal à l'aise, je m'en suis tout de même voulu de lui enlever une part de ses rêves. Si j'aurais, je crois que j'y serais aller moins franchement, pour la préserver, je lui en aurais parlé avant tout du moins ! Bref, c'est du passé... Mais n'empêche que tu as intérêt à te méfier, je ne sais pas si elle a encore changé, mais j'aurais été hétéro, j'aurais peut-être pas dis non ! ». Je rigole, tout en haussant les épaules et en reprenant une gorgée de ma bière. Je regarde l'appart'. « Je sais, mais quand même, c'est pas avec ma paie minable de barman que je vais pouvoir m'acheter un truc décent en ce moment ! Et t'inquiète, tu m'auras régulièrement sur le dos, à ton grand désespoir ! Les études, c'est cool ! Comme d'hab', mais ça sent la fin, faut que je songe à postuler pour des stages et tout.. Mais avec mon boulot de barman et ces horaires à la noix, ça va être compliqué... » Je soupire longuement, j'avoue être un peu découragé d'avance pour ma recherche de stage, mais faut que je me bouge, et sait-on jamais peut-être un stage intéressant pointera le bout de son nez. « J'ai plus le temps de grand chose, je jongle beaucoup entre le boulot et les études, mais je n'ai pas le choix financièrement... »

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Beside you wherever you go.

Quelques années auparavant, certains de leurs amis semblaient penser que Mexon avait des sentiments pour Lionel. Apparemment, quand il avait fait son « coming out », dans la tête des gens, forcément, il était amoureux de son meilleur ami ! Du grand n’importe quoi. C’était ce que Lionel leur avait dit. Mexon et lui, ils étaient comme frères, ils avaient grandi ensemble ! C’était quasiment impossible. De toute façon, même si ça avait été le cas… Lionel avait beau être hétéro, il pouvait affirmer que ça n’aurait rien changé pour lui. C’est-à-dire que même si Mexon était tombé amoureux de lui, Lionel aurait continué à le considérer comme avant, comme son meilleur ami. Souvent, dans ce genre de cas-là, c’était plutôt celui qui tombait amoureux qui préférait s’éloigner un peu. Lionel, lui, n’aurait sûrement pas réagi comme ça. Il avait vécu trop de choses avec Mexon pour que quoi que ce soit puisse changer leur amitié. Ce n’était pas une simple amitié, où deux personnes avaient juste partagé quelques moments de leur vie, au lycée, à la fac. Non, après tout ce qu’ils avaient traversé ensemble, c’était une amitié bien solide qu’ils avaient construire !
Parfois, certains avaient essayé de les séparer un peu. Impossible, ils étaient comme les deux doigts de la main ! Lionel avait une confiance absolue en Mexon, il pouvait tout lui dire, tout lui confier, il pouvait tout entendre de lui aussi. C’est pourquoi, sans hésiter, Lionel se leva, se rendit dans sa chambre, ouvrit un tiroir et en sortit un dossier, bien caché. Puis il revint dans le living-room et le posa devant son meilleur ami. Ce dossier, c’était des papiers pour obtenir un divorce. Lionel avait lu le dossier. Mais le reste, c’était au-dessus de ses forces. « Regarde. Je l’ai jamais envoyé à Justine. Je l’ai jamais rempli, même. J’imagine que… Que j’ai toujours de l’espoir. C’est bête, hein ? »
Lionel reprit une gorgée de bière. Quand Mexon avança l’idée que s’il avait été hétéro, il n’aurait peut-être pas dit non à Kayla, Lionel faillit recracher la gorgée de bière. Ça lui faisait tout drôle d’imaginer son meilleur ami et sa petite sœur. Mais aussi bizarre que ça pouvait paraître, ce n'était certainement pas la pire chose qui puisse arriver, ni à l'un, ni à l'autre.« Elle a pas changé, non… J’crois qu’elle a même embelli avec le temps, enfin j’imagine. Kayla sera une bonne épouse, le truc, un peu autoritaire, peut-être, pas comme Elisa… C’est son rôle de deuxième aînée, on va dire, qui lui a donné cette sacrée force de caractère. Enfin, elle est toujours la même Kayla. Remarque, entre nous, j’aurais pas pu rêver meilleur beau-frère que toi. Au moins, j’aurais été rassurée, elle serait entre de bonnes mains. Enfin bon ! »
Ça lui faisait du bien. Son meilleur ami, une bière, une conversation. Pour l’instant, il ne demandait rien de mieux. « T’avoir sur le dos, j’demande que ça ! En tout cas, sache que si t’as besoin de quoi que ce soit… De l’aide dans tes études, pour ton boulot, pour trouver un stage, n’hésite pas ! Si j’peux faire quoi que ce soit, ce sera avec plaisir. T’aurais même dû emménager ici ! On est un peu nombreux, mais un de plus, un de moins… Et puis, plus on est de fous, plus on rit ! »

Lionel&Mexon ◮ beside you wherever you go.

On avait bien rigolé de cet amalgame, surtout qu'à cette époque il était déjà fiancé à Justine, et que ceux qui me connaissais réellement savaient, que même si j'avais des sentiments, je les aurais gardé pour moi. Je ne prendrais jamais le risque de perdre son amitié pour une attirance. Une amitié comme on a, n'est que trop rare, alors je n'avais pas envie de la gâcher. Et je sais que Lionel pensait exactement la même chose que moi. Et puis, il n'y avait pas vraiment la question à se poser, je n'avais aucun sentiment de ce genre envers lui. Il m'avait accueilli comme un propre membre de sa famille, alors si j'avais des sentiments, ce n'était que ce que pouvait ressentir un frère pour son autre frère. Lionel avait été le seul à accepter aussi rapidement mon homosexualité. À me dire que rien ne changerait entre nous. Cela faisait un bien fou, d'entendre cela, surtout quand sa famille te fait passer pour le déchet de la famille.
Les meilleurs souvenirs, on en a tellement que l'on pourrait se passer une soirée entière à se les remémorer. Et combien de fois on se rappelait certaines personnes qu'on pensait être nos amis se sont mis entre nos chemins, en essayant de nous éloigner, de nous monter l'un contre l'autre. Parfois sans même s'en rendre compte, parfois par pure jalousie. Mais, à chaque fois, ce fût un échec total. Je vois Lionel détalait dans une autre pièce avant d'en revenir avec un dossier qu'il me tendit. Je le pris, lui lançant simplement un regard interrogatif, attendant ses explications. « D'accord. Et tu comptes le remplir ? » Je feuillette le dossier, lisant en biais les lignes. Mes sourcils se froncent sous la lecture.
Je termine ma bière, et sourit à la tête de Lionel, j'avais bien fait de lancer cette boutade. Sa tête était tout bonnement hilarante. Je me mis à sourire. « Ca ne m'étonne pas, ça doit être un truc de famille ça. » Je souris, reposant mon regard pendant quelques secondes sur le salon, croisant ainsi le regar d d'Elisa. Je lui rends son sourire. Tout en reposant mon verre vide sur la table je l'écoute et hoche la tête. « tu ne diras pas cela dans quelques semaines ! Merci, je n'hésiterais pas, promis ! Non, je ne veux pas vous embêter non plus, vous avez besoin de temps entre vous. Et puis, si je débarque, c'est moi qui va devenir chèvre ! ». Je n'osais même pas imaginer l'ambiance que ça doit être au quotidien, mais même si je lance une boutade, je suis touché par sa proposition...

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Beside you wherever you go.

Lionel avait l’impression que dans les moments les plus importants de sa vie, Mexon avait toujours été là. Trois choses étaient absolument inoubliables. Quand la mère de Lionel s’était laissée mourir après le départ de son mari, Mexon avait squatté chez eux pendant plusieurs jours d’affilée, s’efforçant de faire tout ce qu’il pouvait. Quand il avait demandé la garde légale de ses frères et sœurs cadets, alors qu’il était à peine majeur, Mexon avait témoigné pour lui – témoignage qui l’avait bien aidé face aux autorités. Lionel n’aurait jamais pu le remercier assez pour ça… Et quand Justine était partie, bien sûr, il avait aussitôt débarqué, faisant fi de tout le reste. Oui, sans Mexon, Lionel n’aurait sûrement pas tenu le choc face à ces épreuves, épreuve rarement rencontrées par quelqu’un de son âge. Rien d’autre ne comptait.
Aujourd’hui encore, Mexon était là. Lionel lui avait montré le dossier contenant des papiers de divorce. Ce dernier le lisait, demandant à Lionel ce qu’il comptait en faire, s’il avait l’intention de remplir. Lionel poussa un soupir et hocha la tête en signe de dénégation. « Je sais pas si un jour j’aurais la force de le faire. J’attends. Je fais que ça, j’attends, patiemment. Je sais que c’est débile, mais… Je crois que la seule chose qui me pousserait à le remplir, c’est si j’apprenais qu’elle m’a trompé. Autrement, tu me connais, je divorcerais jamais, le mariage c’est trop sacré… Bon après, tu me diras, elle a eu largement le temps de rencontrer quelqu’un depuis tout ce temps, mais… Je sais pas. Tu sais, c’est même pas moi qui ai obtenu ce dossier. C’est Juliette qui s’en est procuré un, sans me demander mon avis. Pas très subtil, comme message… »
Lionel jeta un coup d’œil de sa petite sœur qu’il venait de citer, histoire de vérifier qu’elle n’était pas en train d’écouter. Mais non, ses cadets étaient tous captivés par la télévision. Cédric gigotait d’excitation, Fanny et Sarah riaient de bon cœur, même Roxane, qui était souvent difficile, semblait amusée, ainsi que Jonathan, d’ordinaire plus branché bouquins que télé. Bon, tant mieux, Lionel aimait les voir comme ça. Peut-être que dans la soirée, ils pourraient tous aller faire un tour quelque part avec Mexon. Oui, c’était une idée à garder en tête pour un peu plus tard. Pour fêter officiellement l’emménagement de Mexon à Paris. Il faisait partie de la famille, après tout, c’était tout à fait normal ! Ou bien, si ce n’était pas possible dans la soirée, c’était à prévoir dans les jours à venir. Bien sûr, quand ils étaient tous ensemble, l’ambiance n’était pas de tout repos. Même à la maison, c’était souvent tout sauf tranquille.
« T’as raison, ici, c’est un peu la folie tous les jours ! Entre tout le petit monde à préparer, à faire manger, à faire bouger, à aider avec ceci ou cela, les habituelles petites disputes entre frères et sœurs, les plans des uns et des autres… J’avoue, j’avoue, c’est pas toujours très calme ! Mais bon, c’est la famille. Sans eux, j'sais pas c'que je serai devenu. » Lionel termina à son tour sa bière. Puis il ramassa les deux bouteilles et les jeta à la poubelle, avant de revenir s’asseoir près de son meilleur ami, avec lequel il était heureux de passer un bon moment tranquille, depuis tout ce temps.

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beside you wherever you go ∞ Mexon & Lionel

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